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Déclaration d'innocence (la suite)
Thot
L'évolution de l'écriture - partie 2
Le méroïtique

samedi 28 février 2009

Titulature


Que vive l'Horus "les kas d'Ouseret", celui des deux maîtresses, "les années pures", l'Horus victorieux "aux apparitions divines"
Le Roi de Haute et Basse Egypte < le Ka de Ré, c'est Maât > la fille de Ré < la première des nobles, unie à Amon > douée de vie pour toujours et à jamais.
Traduction : Projet Rosette

transcription : Her Ouseret-kaou - Nebty Ouadjet renepout - Her en neb Netjeret-khaou - Nesout-bity Maât-ka-Rê - Sa-Rê Hatchepsout

Horus, dont les kas sont puissants - Nebty, dont les années reverdissent - L'Horus d'Or, dont les apparitions sont divines - Roi de Haute et de Basse-Égypte, Maât est le ka de Rê - Fils de Rê, la première des nobles Dames.


Ces titres et noms sont la titulature royale du pharaon Hatchepsout tels qu'ils apparaissent sur les deux premières lignes de son obélisque de Karnak.

Suite aux funérailles de son prédécesseur, Pharaon est couronné. Ses noms sont inscrits par Thot, sur les feuilles de l'arbre sacré iched, un perséa se trouvant à Karnak. Ses noms représentent la titulature royale. Cette titulature est une suite de cinq noms. Ils sont composés d'un titre suivi d'un nom propre. L'ensemble de ces noms définit la personnalité royale ainsi que l'idéologie du pouvoir.

Lors du sacre, le roi se proclame en tant qu'Horus, Nebty, Horus d'or, Nesout-bity et Sa-Rê. C'est à cette occasion qu'il indique ses noms.


Obélisque de Thoutmosis III
Rome
Place San Giovanni in Laterano
Photo : Geb et Nout


Sa-Rê de Thoutmosis III
Détail
Le nom d'Horus désigne Pharaon à la fois comme incarnation et comme protégé de "Horus", le dieu faucon d'Hiérakonpolis, ville d'origine de Narmer. Ce dernier deviendra le premier roi de l'Egypte unifiée sous le nom de Ménès. Le nom d'Horus est introduit par le hiéroglyphe représentant le faucon. Pendant les premières dynasties, ce nom est en général inscrit à l'intérieur d'un Serekh.
Certains des plus anciens rois de l'Egypte ne sont connus que par leur nom d'Horus. Ceci est surtout valable pour les dynasties zéro et un.

Que vive l'Horus "les kas d'Ouseret"
Le nom de Nebty place le roi sous la protection des déesses Nekhbet, la déesse vautour de Haute-Égypte, et Ouadjet, la déesse cobra de Basse-Égypte. Les deux déesses sont posées chacune sur le hiéroglyphe signifiant "maître" ou "maîtresse", d’où la désignation de Nebty, "Les Deux Maîtresses".

celui des deux maîtresses, "les années pures"
Le nom d'Horus d'or s’écrit au moyen d’un faucon posé sur le hiéroglyphe désignant l’or. A ce jour, aucune explication ou interprétation de ce titre ne fait l'unanimité.

l’Horus victorieux "aux apparitions divines"
Le nom de Nesout-bity Le titre signifie probablement "Celui qui appartient au jonc et à l'abeille", les symboles de Haute et de Basse-Egypte. La traduction littérale est donc : "Roi de Haute et de Basse-Egypte". Ce titre est suivi du nom de couronnement inscrit dans un cartouche.

Le Roi de Haute et Basse Egypte < le Ka de Rê, c'est Maât >
Le nom de Sa-Rê qualifie le roi de "fils de Rê". Ce titre indique sa filiation au dieu-soleil. Il est constitué du hiéroglyphe du canard, qui signifie fils, et de celui du soleil. Il est suivi du nom de naissance de Pharaon inscrit dans un cartouche. C'est depuis la IVème dynastie que Pharaon est considéré comme le fils du dieu-solaire.

la fille de Rê < la première des nobles, unie à Amon >

Le cartouche est un symbole royal. Le roi en a un usage unique. Le serekh est l'ancêtre du cartouche. De son nom égyptien, le shenou est une cordelette nouée formant un ovale. Il symbolise l’univers. Le mot "shenou" est formé à partir d’un verbe signifiant entourer. L'idée d'écrire le nom de Pharaon à l'intérieur du cartouche, laisse supposer que celui-ci se proclame maître de l’univers.
C'est depuis Khafrê (Khéphren - IVe dynastie - environ 2500 ans avant J.C.) que les deux derniers noms sont inscrits dans un cartouche.

Lors des recherches de Jean-François Champollion (1790-1832) sur la pierre de Rosette, le cartouche a été l'élément déclencheur dans le processus de déchiffrement des hiéroglyphes.

Références de l'article : Didier Crahay Archéologue Conseil
Toutankhamon magazine n°4 - François Tonic

Per-aâ



Introduction
Le roi d'Egypte n’est pas un simple souverain. Il est avant tout, la représentation de dieu sur terre. Les fonctions qui lui sont attribuées sont celles de chef d’Etat, d'administrateur, de grand prêtre, de premier magistrat, de chef des armées.

Pharaon est le maître de la terre et de l’univers, roi aux pouvoirs sans limites sur les terres de la vallée du Nil, et au-delà.

Héritier des dieux, Pharaon est le médiateur entre les mondes divin et terrestre. L’univers repose sur lui, son rôle majeur est de s’opposer aux forces du mal et au chaos.

A la mort de Pharaon le chaos menace l’ordre de l’univers, l’avènement d’un nouveau souverain renouvelle la création originelle.

Narmer, Djéser, Khéops, Akhénaton, Toutankhamon, Hatchepsout, Ramsès II…, autant de noms que de personnages fascinants. Jamais une nation n'a enfanté autant de souverains qui continuent de fasciner petits et grands, tant par l’empire qu’ils ont bâti, que par la grandeur et le faste de leurs règnes.

Héritage du roi Narmer, le pays unifié est né il y a plus de 5000 ans. En dépit de son aura, le souverain partageait avec le commun des mortels les aléas de l’existence...

Naissance d'un mot
Le mot pharaon apparaît sur les tablettes des scribes durant le règne de la reine Hatchepsout. C'est en effet lors de son jubilé, qu'ils emploient pour la première fois le terme de per-aâ qui veut dire "palais" en égyptien, ou encore "la grande maison". Il faut comprendre que l'on parle ici de l'institution. Lors de cette fête les scribes se doivent de noter la titulature de la reine Hatchepsout et de Thoutmosis, à chacune des représentations artistiques. Au vu de la difficulté, et du travail harassant, ils décident d'utiliser un subterfuge en créant un "raccourci", per-aâ, qui a pour traduction pharaô en grec, qui donnera pharaon en français. Cette hypothèse émise par Christiane Desroches Noblecourt (Symboles de l’Egypte) se rapporte à l'an XVI du règne de la reine-pharaon.
D'autres chercheurs égyptologues pensent que le terme est appliqué un peu plus tard lors du règne d'Akhénaton voir de Ramsès II.
Par la suite, il sera utilisé pour nommer le roi d'Egypte.

Détail d'un fragment d'un relief monumental dédié par Thoutmosis III à Mentouhotep.
XVIII dynastie
Musée du Vatican
Photo : Egypte-antique.org

Pharaon dans la Bible
Afin de dater approximativement l'apparition du terme "pharaon", il est intéressant de se référer à la Bible. Le mot y apparaît clairement dans les livres de la Genèse et de l'Exode.

"Les fils d'Israël firent monter leur père, ainsi que leurs enfants et leurs femmes sur les chariots que Pharaon avait envoyés pour les transporter." La Genèse - Installation de Jacob en Egypte 46.5

"On lui imposa donc des chefs de corvée qui l'opprimerait par de durs travaux; et il bâtit des villes d'entrepôts pour Pharaon, Pithom et Ramsès." L'Exode - Israël en Egypte 1.11


"Les enfants d'Israël partirent de Ramsès pour Socoth, au nombre d'environ 600 000 hommes de pied sans compter les enfants. ... ils avaient en effet été chassés d'Egypte ..." L'Exode 12.37-40
"Le séjour des enfants d'Israël en Egypte fut de 430 ans" L'Exode 12.40


Le nom du pharaon de l'exode n'est pas clairement défini dans la Bible. Il est souvent fait allusion à Ramsès II, mais rien ne prouve qu'il ait eu à subir les dix fléaux d'Egypte mentionnés dans la Bible.

Celle-ci indique cependant le lieu du départ à savoir la ville construite par le fils de Séthi Ier. Cela supprime toute idée d'antériorité de l'exode à Ramsès le Grand. Par contre rien n'interdit de penser que le pharaon de l'exode soit son fils Merenptah.

Messod et Roger Sabbah dans leur livre : "Les Secrets de l'Exode : L'Origine égyptienne des Hébreux" laissent penser le contraire. L'exode aurait pu être ordonné par Aÿ soit un siècle avant Ramsès II.

En prenant comme référence la Bible et la durée du séjour, l'arrivée de Jacob en Egypte se situerait aux alentours de 1650/1630 avant Jésus Christ. L'apparition du nom de Pharaon daterait donc de cette période soit 200 ans avant le règne de la reine Hatchepsout. A moins que l'on imagine que l'Exode se soit déroulé à la fin de la XXème dynastie sous le règne de Ramsès IX, X ou XI.

Bien entendu tout ceci n'est qu'hypothèse, peu de preuves archéologiques nous sont parvenues. Jusqu'à ce que l'on en trouve de nouvelles, nous en resterons à la supposition de Christiane Desroches Noblecourt.

Champollion
C'est Champollion qui le premier utilise le terme pharaon pour parler d'un roi d'Egypte. En effet, avant la découverte de la pierre de Rosette qui permit à Champollion de trouver la clé de la signification des hiéroglyphes, seule la Bible faisait référence à Pharaon. Qu'il s'agisse des savants de Bonaparte lors de la campagne d'Egypte ou d'explorateur tel Giovanni Battista Belzoni (Narrative of the Operations and Recent Discoveries Within the Pyramids, Temples, Tombs, and Excavations in Egypt and Nubia - 1819), le seul terme employé pour faire référence au souverain égyptien est le mot roi.
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Les attributs
Les attributs du roi sont de deux sortes. Ceux qui vont modifier son aspect extérieur, afin d'être vu et reconnu. On peut citer les coiffes, le pschent (couronne de haute et basse-Egypte), le khepresh, le némès. Il y a également les sceptres tel le heqa ou le nekhekh. Pharaon se distingue également par son pagne,le chendjit, qu'il est le seul à pouvoir porter. Ces attributs ne sont "que" matériels.

L'attribut qui revêt le plus d'importance aux yeux du roi est sa titulature. Cette suite de cinq noms va permettre de définir la philosophie du pouvoir royal ainsi que la personnalité du souverain. C'est en consultant les astres et les textes que les prêtres vont proposer la titulature au roi.

Liste des pharaons

Ægyptiaca, l'Histoire de l'Egypte
Manethon
Il est quasi-impossible de dresser une liste chronologique exacte des pharaons qui se sont succédé sur le trône d'Egypte. L'histoire pharaonique vieille de plus de 3500 ans laisse de grandes zones d'ombre dans la chronologie de ses rois. Ceci est dû à un manque de ressources archéologique et documentaire. Cependant et grâce à Manéthon de Sebennytos, qui sur la demande de Ptolémée Ier, a écrit Ægyptiaca, une "Histoire de l'Egypte", nous avons une idée assez précise de certaines périodes de cette grande histoire. C'est également à lui que l'on doit le classement en dynasties.
La liste des pharaons de cette encyclopédie, écrite trois siècles avant Jésus-Christ est constamment remise à jour grâce aux découvertes des chercheurs qui sillonnent le sol égyptien.
Les contes populaires sont vraisemblablement la base de l'écriture de Manéthon. Sa fonction de prêtre lui permet également l'accès aux bibliothèques des temples où il a pu consulter à loisir les listes royales. Malgré tout, ce travail colossal est sujet à caution. Sans préjuger de la bonne foi du prêtre, celui-ci, n'a pu évidemment profiter d'outils aussi modernes que ceux utilisés par nos explorateurs et chercheurs actuels. Une certaine forme d'inquisition, sous diverses apparences, disparition de noms, déformation de dynasties, qui ne sont ni de son fait ni de son époque ont dès le début travesti la chronologie pharaonique et rendu la tâche très compliquée.


Légitimité du pharaon
La légitimité du Pharaon est due à son ascendance divine. Son nom de naissance est précédé de fils de Ré. Il s'agit du cinquième nom de la titulature. Celui-ci, entouré d'un cartouche, donne une force supplémentaire à cette naissance divine. Selon la mythologie, il coule dans leurs veines du sang provenant d'Horus le premier roi-pharaon. La tradition veut que le fils aîné de Pharaon et de la Grande Epouse Royale soit le successeur du roi. Cependant, le choix du futur Pharaon échoit au souverain régnant.

Il se peut également que le couple divin n'est pas de garçon. Le choix se dirigera donc vers le fils aîné de la seconde épouse du roi. Afin d'être légitimé, le fils de la seconde épouse devra épouser sa demi-soeur de sang divin.

C'est le cas pour Thoutmosis II, qui, afin de légitimer son règne doit épouser sa soeur Hatchepsout.

L'exemple de la reine Hatchespout n'est pas un hasard, à elle seule, elle regroupe deux façons légitimes d'occuper la plus haute fonction d'Egypte.

Tout d'abord, fille de la Grande Epouse Royale, son père Thoutmosis l'élève comme si elle devait lui succéder.

Hatchepsout devient donc la Grande Epouse Royale de Thoutmosis II. Le couple règne de concert sur la Haute et la Basse-Egypte. De Thoutmosis II, elle aura deux filles. De sa seconde épouse, Iset, Thoutmosis II aura un garçon : le futur Thoutmosis III. Le règne du souverain dure trois ans. Le jeune prince ne peut gouverner.

Hatchepsout, de sang divin, assure la co-régence du trône. Elle doit le léguer à Thoutmosis III, lorsque celui-ci sera en âge de légitimer sa fonction en épousant une des filles de la reine.

Hatchepsout est une femme de caractère. Pour le bien de l'Egypte elle décide de garder le pouvoir. Pour ce faire, elle utilise ses droits. Elle fait prévaloir son éducation de futur chef d'Etat que lui a prodigué son père ainsi que sa naissance voulue par la divinité.

Le règne de la seule femme pharaon dure environ 21 ans. C'est à sa mort que Thoutmosis III, prendra le pouvoir.

Le dernier choix de la reine Hatchepsout n'est pas en contradiction avec la tradition. A chaque coup d'état, changement de dynastie, nouvel envahisseur, le futur roi devait faire prévaloir sa lignée auprès des prêtres afin d'être légitimé auprès du peuple.

Tous les trente ans, Pharaon se devait de fêter son jubilé afin de se régénerer et de montrer à son peuple qu'il pouvait encore régner. La reine Hatchepsout le fit au bout de 16 ans. D'autres rois aux origines douteuses le firent également bien avant les trente années de règne.

Naissance d'un pharaon
Dès qu'Amon désire engendrer son héritier terrestre, il s'adresse à Thot. Ce dernier doit s'assurer que la grande épouse royale est digne d'enfanter le futur pharaon. Amon prend les traits de l'actuel roi afin que l'accouplement divin puisse se produire. Amon donne ensuite à Khnoum l'ordre de modeler l'enfant et son ka. Lorsque l'épouse royale accouche, elle est entourée de neuf divinités. L’enfant est présentée à Amon qui lui promet la royauté terrestre. Hathor, la nourrice divine, se verra confier le futur roi.

Les attributs du roi


La royauté est sans conteste un des fondements de la culture égyptienne. Qu'il s'agisse de souverains romains, grecs, lybiens, perses ou autres, tous se sont soumis aux traditions de cette culture lors de leur prise du pouvoir en Egypte.

En montant sur le trône le roi ne s'appartient plus. Il devient le représentant du dieu Horus. Il s'assoit sur le trône de Geb. Pharaon prend alors possession de sa nature double, alliant les éléments divins et humains.

Pharaon est fondamentalement défini par ses attributs et son aspect extérieur. Ses caractéristiques représentent le pouvoir et la protection. Outre la titulature, étudiée séparement, les caractères particuliers de Pharaon, permettent d'identifier aisément le roi sur les peintures, bas-reliefs ou statues.

LES COURONNES

Le signe le plus distinctif de Pharaon est le port de la couronne. Il en existe de différentes natures. Malheureusement aucune ne nous est parvenue. Il faut se fier aux bas-reliefs, peintures, papyrus ou encore aux "Textes des Pyramides" pour en obtenir une description parfois assez précise.

Le Pschent
La Haute-Egypte, placée sous la protection de la déesse vautour Nekhbet, déesse de Nekheb, ancienne capitale du royaume de la Vallée, se dote de la mitre blanche, hedjet.

La Basse-Egypte, sous la protection de la déesse cobra Ouadjit , originaire de Bouto, s'octroie la couronne rouge, dechret.

La double couronne, la blanche et la rouge étant imbriquées, prend alors le nom de pa-sekhemty, "les deux puissantes", pschent en grec. Cette double couronne symbolise l'unification de la Haute et de la Basse-Égypte. Elle est portée par le roi des "deux pays".


Le Khepresh
A compter du Nouvel Empire, il arrive à Pharaon de porter le khepresh. Cette couronne bleue, de cuir ou de métal, est couverte de pastilles jaunes. Elle est portée à des occasions biens précises, lors de batailles ou de scènes de couronnement.


Le Némès
Le port du némès est réservé au roi. Cette coiffe emblématique des Pharaons est utilisée depuis la IIIème dynastie jusqu'à la période ptolémaïque. Cette étoffe rayée est plus complexe que ne laisse imaginer sa représentation traditionnelle au travers du masque funéraire de Toutânkhamon. Si le roi est le seul à pouvoir s'en coiffer, c'est qu'elle le différencie des autres humains. Elle fait de lui l'égal des divinités, qui peuvent également se parer de cette coiffe .

Le némès est divisé de différentes parties. La principale couvre la tête depuis le front jusqu'à la nuque. Elle se termine par la tresse qui porte la coiffe au milieu du dos. Sur les côtés, les parties temporales forment le pli entre la coiffe et les ailes. Les ailes encadrent les côtés du visage du roi, elles partent de la coiffe et s'évasent jusqu'à l'épaule pour former un triangle. Elles portent ce nom car elles représentent les ailes de la déesse Nékhbet. Les retombées prolongent les ailes, se rabattent sur la poitrine du roi et vont en s'amincissant.

Un bandeau frontal, doré, tient la coiffe, les parties temporales et repose sur les oreilles. Au milieu du front, l'uræus, représente un cobra censé éloigner du roi les puissances maléfiques.

Némès - Masque d'or de Toutânkhamon - Musée du Caire.

LES SCEPTRES

Le Heqa
Signe de la royauté, ce sceptre en forme de crosse est toutefois associé à Osiris. Sa ressemblance avec une canne de berger, peut laisser penser que la signification et la forme de ce sceptre sont liées au rôle de guide que revêt le roi envers son peuple. Comme le nekhekh, le heqa est reconnu comme étant la puissance magique.

Le Nekhekh
Le fouet Nekhekh est également appelé flagellum. Il s'agit d'un sceptre royal au même titre que le heqa.

LE PAGNE

Le Chendjit
Le chendjit est le pagne royal. Il s'agit d'un pagne court dont les deux extrémités sont arrondies. Elles se croisent en avant et sont complétées par une pièce de tissu médiane dont la partie basse est rectiligne. Le tissu peut être lisse ou plissé. A la ceinture est attaché une queue de taureau, symbole de la force. Cette queue d'animal est également un attribut du roi.

Calendrier égyptien

C'est en prenant conscience du rythme saisonnier que l'idée de cycle germe dans la pensée humaine. En effet, depuis que l'agriculture existe, l'homme s'intéresse davantage à son environnement. Il comprend que la notion de durée est soumise à un cycle et que celui-ci est régulier. Le concept "d'année" est inévitablement défini. A l'époque de l'Egypte antique, ce nouveau regard naît il y a un peu plus de 4 500 ans avant notre ère.

Le premier "calendrier" est né de manière inconsciente, il existe dans la mémoire des hommes de façon totalement anachronique sans qu'aucune idée de mesure ne soit appliquée.

Ensuite vient la notion d'espace-temps et l'on se fie à la crue du Nil. Cet intervalle est alors mesuré à l'aide de phases lunaires. Il en découle un calendrier basé sur le cycle annuel du soleil et sur le cycle des phases de la lune. Il est de douze mois de vingt-neuf jours et demi. Une année dure approximativement 354 jours soit onze jours de moins que le cycle solaire.

Ce système est peu précis en raison de variables astronomiques ingérables par les égyptiens. L'idée d'y ajouter un treizième mois tous les deux ou trois ans, arrive à créer une corrélation avec l'année solaire, évitant ainsi une dérive des saisons.

L'administration prédynastique ne peut se satisfaire de ce calendrier. Elle a besoin d'un système de datation fixe au vu des nouvelles nécessités administratives, économiques et politiques.

L'observation puis l'association des phénomènes astrologiques et terrestres mènent les savants de l'époque à comprendre l'incidence qui les lie. Ils vont ainsi créer un calendrier calé sur ces phénomènes. Le premier calendrier égyptien basé sur un cycle annuel solaire est né. Il comprend 365 jours 1/4. Cette année sera divisée en douze mois de trente jours. Les cinq jours un quart restant sont appelés les jours épagomènes. Ce sont les derniers de l'année. Dans la conscience populaire, ils sont synonymes de malheur, de peur du chaos. Tout peut arriver durant ces quelques journées. De ce fait, l'agenda des prêtres et de Pharaon est simple. La prière est leur seule occupation, afin que l'Ordre l'emporte sur le Chaos.

L'année comporte trois saisons. La première débute avec le phénomène le plus attendu du cycle annuel, l'Akhet. En effet, l'agriculture égyptienne dépend entièrement de la crue du Nil et de la fertilisation de ses terres par le limon déposé lors de la montée des eaux. Cette période commence le premier jour du mois de Thot et correspond à la première apparition annuelle de Sothys (Sirius) dans le ciel égyptien, quelques heures avant l'aube. Vient ensuite Peret, la saison de la décrue et de la germination. La dernière saison, Chemou est celle de la moisson.

Les jours sont divisés en vingt-quatre heures, douze heures pour le jour et douze heures pour la nuit. Il s'agit du cycle de régulation dont Nout à la charge. Les saisons

Akhet du 19 juillet au 15 novembre. "Inondation"
Peret du 16 novembre au 15 mars. "Emergence"
décrue
Chemou du 16 mars au 13 juillet. "Chaleur"
été


Première représentation du calendrier solaire.
Caveau funéraire de Senmout XVIIIème dynastie - Deir el-Bahari
Détail de photo : Lessing/Agenzia Contrsato, Milan
Livre "L'Egypte" - Hazan, Guide des Arts - Alessia Fassone et Enrico Ferraris
Les douze mois sont figurés par leur premier jour. Les jours épagomènes sont représentés par l'écart qui existe avec le bloc de quatre mois, à gauche. Le calendrier se lit de droite à gauche et de haut en bas.

Les mois

Les noms des douze mois proviennent des fêtes agricoles qui marquent chaque période.
Thot du 19 juillet au 17 août. Paminoth du 15 janvier au 13 février.
Phaophi du 18 août au 16 septembre. Pharmouti du 14 février au 15 mars.
Atyr du 17 septembre au 16 octobre. Pachon du 16 mars au 14 avril.
Choiak du 17 octobre au 15 novembre. Payni du 15 avril au 14 mai.
Tybi du 16 novembre au 15 décembre. Epiphi du 15 mai au 13 juin.
Mechir du 16 décembre au 14 janvier. Mesori du 14 juin au 13 juillet.

Shou et Tefnout

SHOU et TEFNOUT

Stèle d'Ousirour, prêtre d'Amon à Thèbes


© Musée du Louvre/G. Poncet
IIIe siècle avant J.-C. ? (époque ptolémaïque)
bois enduit et peint - H. : 84,70 cm. ; L. : 53 cm. ; Pr. : 3 cm.
Crypte d'Osiris - Ce document est rattaché à : Stèle d'Ousirour, prêtre d'Amon à Thèbes N 2699


Détail de la stèle d'Ousirour représentant Shou à gauche et Tefnout à droite - Musée du Louvre
et
Shou
et Tefnout

Shou et Tefnout appartiennent à la grande Ennéade d'Héliopolis. Selon la croyance égyptienne Shou et Tefnout sont nés d’un désir d’ordre sexuel éprouvé par leur père, l’Unique. Nés de la semence d’Atoum, leur seul parent, ils sont frère et soeur tout en formant le premier couple divin.

Shou est le dieu de l’air impalpable tandis que sa soeur symbolise l’air humide et corrosif qui engendre le changement créant ainsi le concept du temps. Ils représentent avec leurs enfants Geb (la terre) et Nout (le ciel) les quatre éléments primordiaux.

Shou est associé à la sécheresse de l’air et à la chaleur du soleil, il est l’espace entre le ciel et la terre. Un de ces rôles est de tenir l’échelle que les défunts empruntent pour monter au Paradis.

Les enfants du couple divin, Geb et Nout, sont nés entrelacés, à tel point que rien ne pouvait vivre entre eux. A la demande d'Atoum, Shou sépare Geb et Nout afin que Nout puisse enfanter ses premiers jumeaux Osiris et Isis.

Cette séparation nous offre la principale représentation que nous connaissons de Shou, il maintient Nout au-dessus de Geb. Le simple fait de manquer à cette tâche pourrait engendrer le chaos.

Tefnout, également associée à la pluie, les nuages et la rosée, est le véritable symbole de l'eau et de son pouvoir créateur. Il n’est pas interdit de penser que Tefnout, souvent représentée comme un personnage secondaire, revêt une plus grande importance dans la mythologie égyptienne que ne le laisse supposer les témoignages artistiques. Si aucun acte d'importance majeure ne lui est attribué, une analyse poussée des textes des Pyramides, des Sarcophages ou encore le livre des morts, révèle la particularité de cette déesse. Elle est en effet la première femme, et de ce fait, la première à créer, avec son époux, l’être de façon hétérosexuelle, suivant un processus identique à celui des êtres humains.

Suite à une querelle avec son père, elle s'enfuit en Nubie laissant derrière elle une grande sécheresse. Tefnout devient alors "la Lointaine". Sa tête de lion fait référence à cette fuite où elle laisse libre cours à sa férocité. Shou et Thot sont chargés par Atoum de la ramener. Après l'avoir enivrée, "la Lointaine" apaisée retrouve son aspect bénéfique, l'Inondation, et rentre en Egypte.

La tradition veut que la joie de retrouver ses enfants fait pleurer Atoum. C'est en tombant sur la terre que ses larmes vont créer l'Homme.

Shou et Tefnout sont vénérés dans différentes villes parfois de façon séparée comme à Medjaiou (Oxyrhynchos en grec) pour Tefnout. Le couple est honoré à Sekhem (Létopolis) près d'Héliopolis. Cependant aucune ville ne leur est entièrement dévouée.

Si le couple divin est souvent représenté par deux lions, Tefnout est également connue sous les traits d'une femme à tête de lionne surmontée d'un disque solaire. Shou, quant à lui, est représenté coiffé de une à quatre hautes plumes.


Atoum

ATOUM


Stèle de la dame Tapéret représentant Atoum à gauche
Troisième Période Intermédiaire, XXIIe dynastie , Xe ou IXe siècle avant J.-C.
© Musée du Louvre/C. Décamps - Détail



C'est en s'extrayant du Noun, l'océan primordial, que naît Atoum. Il est le père fondateur de la grande Ennéade d'Héliopolis. L'histoire de l'Egypte antique commence également avec lui, puisqu'il est le créateur de l'univers (démiurge). En prenant conscience de son existence il va créer la vie minérale, végétale, et humaine. La tradition veut que ce soit de ses larmes en tombant sur terre, qu'apparaissent les Hommes.

Selon la théologie d'Héliopolis, c'est en se masturbant qu'il crée par sa semence Shou et Tefnout qui deviendront le premier couple divin. D'autres interprétations font état que c'est de son crachat que naissent ses enfants ou encore comme dans la Bible, par le simple fait de les nommer.

Atoum est représenté sous les traits d'un homme coiffé de la double couronne de la haute et de la basse Egypte. Il est vêtu de la tunique à bretelles Il tient le sceptre d'Ouas (bâton surmonté d'une tête animale avec l'extrémité inférieure fourchue). C'est le symbole de la puissance divine. La forme de sa tête l'associe au dieu Seth. Il porte également l'ankh (croix ansée qui représente la vie).

Dieu d'Héliopolis, il représente le soleil. Perdant de son influence, il est peu à peu remplacé par Rê. Devenant Rê-Atoum, il incarne le soleil couchant sous l'aspect d'un vieillard fatigué. Dans le monde divin, Atoum tient à jour le calendrier des années de règne de chaque souverain.

Il est incarné sur terre par le taureau Mnévis. Choisi par les prêtres selon des règles bien précises, il est gardé dans le temple d'Héliopolis. A sa mort le taureau sacré est enterré avec tous les honneurs dûs à son rang.

Les animaux sacrés qui lui sont attribués, sont le lion et le serpent mais également l'anguille et la guêpe ichneumon.


Sceptre d'Ouas - Photo : jfbradu.free.fr

Ankh - Photo : jfbradu.free.fr

Introduction

INTRODUCTION

Les règles de vie de la société égyptienne s'appuyent sur la vénération et les cultes des divinités. Autant que les symboles, la mythologie rythme la vie quotidienne des hommes et des femmes, de Pharaon aux bouviers, des prêtres aux militaires...

Si les grandes cités, Héliopolis, Hermopolis ou Memphis avaient leur version de la création, et enseignaient leur propre cosmogonie, son fondement reste quant à lui identique. Il s'agit de l'ordre divin qui l'emporte sur le chaos primordial. Les divinités universelles constituent les éléments naturels de base, le Ciel, la Terre, l'Eau et l'Air. De ces éléments naît la vie végétale, animale et humaine.

Pour faire simple et afin d'éviter tout compromis, la base de cette approche se fonde sur la hiérarchie théologique d'Héliopolis.

Au sommet de cette hiérarchie, se trouve Noun, l'océan originel ou primordial qui enveloppe le monde. Il s'agit en quelque sorte de notre univers avant le fameux big-bang. A cette lointaine époque, l'Egypte n'existe pas encore. Le Noun est le père des dieux. Représenté par l'océan originel , il est plongé dans les ténèbres. Dans cette eau, subiste toutes les germes en attente d'une évolution favorable. C'est de cet océan inorganisé que "l'unique" issu du mystère va surgir.

L'histoire de l'Egypte débute avec l'apparition de Atoum le Dieu-Soleil, qui se crée lui-même en sortant du Noun, sans avoir été conçu ni engendré. Atoum est le créateur ou démiurge de l'Univers. C'est en prenant conscience de son existence qu'il crée toutes choses. Avec Atoum débute la grande Ennéade d'Héliopolis. Atoum représente les éléments fondamentaux, à savoir le mâle et la femelle. Le démiurge est hermaphrodyte. Il matérialise "les pères et les mères qui était avec lui, lorsqu'il était dans le Noun" (Légende de la destruction des hommes) avant l'aube universelle.

C'est soit en se masturbant, soit en crachant, soit en prononçant leur nom, qu'Atoum donne naissance à Shou (Dieu de l'air impalpable ou de l'atmosphère) et à sa soeur Tefnout (Déesse de l'humidité et de la rosée). En se mariant, Shou et Tefnout forment le premier couple divin. De leur union, Tefnout donne naissance à deux enfants Geb (la terre) et Nout (le ciel).

Cette double naissance complète ce que l'on appelle les éléments primordiaux, ou de base; l'air (Shou), l'eau (Tefnout), la terre (Geb) et le ciel (Nout).

Geb et Nout naissent entrelacés, si bien qu'aucune vie ne peut évoluer entre eux. Alors, sur ordre de son père Atoum, Shou les sépare créant ainsi un espace de vie entre le ciel et la terre.



Séparation du ciel et de la terre
Musée du Louvre/C. Décamps
Ce document est rattaché à : Livre d'images mythologiques au nom du comptable des greniers d'Amon, Nespakachouty - E 17401


De l'immence amour que se portent Geb et Nout naissent quatre enfants : deux garçons, Osiris et Seth et deux filles Isis et Nephtys, complétant ainsi la grande Ennéade d'Héliopolis.


Hiérarchie de la théologie d'Héliopolis



Le liseret orange entourant certaines divinités représente l'Ennéade d'Héliopolis


Osiris


OSIRIS



Statue d'Osiris
Époque ptolémaïque, 332-30 av. J.-C.
© Musée du Louvre/G. Poncet
Ronde-bosse, dorure, fonte.
Bois enduit, entoilé et autrefois peint et doré, métal cuivreux.
H. : 1,685 m ; L. : 0,36 m ; P. : 0,38 m
E 115
"Eternellement beau" est la traduction littérale d'Ounen-Néfer, une des désignations d'Ousir ou encore d'Asir. Ce dieu égyptien est également connu sous l'appellation grecque d'Osiris. Fils de Geb et Nout, il est le frère jumeau et mari d'Isis. Il a également comme frère et soeur Seth et Nephtys. Il appartient à la grande Ennéade d'Héliopolis.

Méconnu sous ses traits d'origines, il faut rappeler qu'Osiris a été le dieu lié à la fécondité. Le pays fertile le long du Nil et du delta lui est légué, tandis que la terre stérile des déserts revient à Seth. Son association au renouveau depuis les temps les plus reculés peut laisser penser que les créateurs du mythe osirien avaient en Osiris le dieu idéal pour franchir le pas et permettre une explication à la grande question de l'humanité ainsi qu'à sa grande peur, que devient-on après la mort. Les égyptiens ont trouvé une réponse, la résurrection des morts. Bien plus tard les grandes religions monothéistes apporteront la même réponse. Il est bien évident que le raccourci peut laisser songeur. Cependant la réponse donnée par les prêtres égyptiens à la peur de la mort est née avec l'apparition d'Osiris.

Nephtys et Isis vont jouer un grand rôle auprès d'Osiris. La première parce qu'elle mettra au monde le premier roi-pharaon Horus, la seconde car elle enfantera Anubis. Cet enfant, né du vivant d'Osiris, a été conçu malgré lui. En effet, afin de le séduire et d'occuper sa couche, Nephtys lui est apparue sous les traits de son épouse Isis.

Le leitmotiv d'Osiris est le renouveau. De son vivant, dieu de la fécondité, il deviendra dieu des morts dans l'au-delà. Suzerain de son nouveau royaume (les champs d'Ialou, le jardin d'Eden de la Bible) il le rendra aussi fertile que la terre des vivants. Comme seigneur de l'au-delà, il est responsable des hordes de mauvais génies et créatures n'ayant pas été reçus lors du tribunal divin qu'il préside. "L'éternellement beau" devient la première momie. Son nom lui vient du fait que grâce à cette momification, il est protégé de la putréfaction.

Il est également identifié à Khenty-Imentyou, le dieu chacal d'Abydos. Il est le garant de l'équilibre du monde. Si son nom est principalement attaché à Abydos, c'est qu'il y serait conservé un reliquaire censé renfermer la tête du dieu. Abydos renfermait LE temple d'Osiris. Seuls Pharaon et les prêtres autorisés y avaient accès. La ville entourée de casernes était le lieu de la grande procession annuelle. C'est de cet endroit que la coutume voulait que se crée le lien entre les mondes des vivants et des morts.

Osiris est représenté enveloppé d'un linceul blanc ajusté. N'apparaissent que sa tête et ses bras. Il est couvert de la couronne Atef, couronne composée d'une mitre centrale, surmontée d'un disque solaire et encadrée de deux plumes d'autruche. Il porte à la main, avec les bras croisés sur son corps, le nekhekh (fléau) et le heqa (sceptre). La couleur de sa peau est noire ou verte, représentant soit le limon fertile, soit la végétation.




Le Nekhekh
Toutankhamon - XVIIIème dynastie
© musée du Caire

Vallée des Rois, tombe KV57
Tombe d'Horemheb - XVIIIème dynastie
Photo : Francis Dzikowski - Theban Mapping Project
Les attributs d'Osiris


Le Heqa
Toutankhamon - XVIIIème dynastie
© musée du Caire

Geb et Nout

GEB et NOUT




Nout, Vallée des Rois, tombe KV9
Photo : Francis Dzikowski Theban Mapping Project



Geb, Vallée des Rois, tombe KV14
Photo : Francis Dzikowski Theban Mapping Project

et
Geb
et Nout

En donnant la vie à Geb et Nout, Shou et Tefnout créent ce que l'on appelle les éléments primordiaux ou de base : l’air (Shou), l’eau (Tefnout), la terre (Geb) et le ciel (Nout). Geb et Nout font partie de la grande Ennéade d'Héliopolis. Ils sont frère et soeur puis mari et femme. Après bien des péripéties, Nout donne le jour à Isis et Osiris puis viennent Seth et Nephtys. Geb et Nout naissent et grandissent entrelacés.

Malheureusement, cette étreinte empêche Nout de mettre au monde les enfants fécondés par son époux bien-aimé. L'étreinte est si forte entre les deux divinités, que rien ne peut vivre entre eux, même l'air ne peut circuler. Pour cette raison Atoum ordonne à Shou de les séparer.

C'est cette séparation qui va permettre au couple de s'épanouir mais surtout de conditionner la naissance de leurs premiers jumeaux Isis et Osiris. C'est ensuite la venue de Nephtys puis celle de Seth, qui découvrira le monde en déchirant le ventre de sa mère, montrant un caractère et une aura qui feront frémir jusqu'à Pharaon.

Suite à la naissance de Seth, Geb est beaucoup moins présent dans les textes mythologiques que son épouse Nout. En effet, l'Egypte est riche de plus de 2000 divinités. Il est louable de penser que les prêtres vont préférer honorer des dieux ou génies plus proches de leur quotidien. Geb reste cependant une sorte de super divinité qui englobe tout ce qui définit la terre. En général, il est représenté allongé sous la voûte céleste. La couleur de sa peau est verte et fait référence à celle de la terre.

A l'origine, déesse du ciel, Nout devient peu à peu la déesse de la voûte céleste. Son rôle principal sera de réguler le cycle des journées. La représentation la plus connue de Nout est sa position arc-boutée au-dessus de la terre. Ses bras et ses jambes indiquent les quatre points cardinaux tandis qu’elle avale un soleil. Le cycle de la journée diurne est représenté par douze soleils. En avalant le douzième, elle annonce la fin du jour. Douze heures plus tard c’est en sortant de son sexe que réapparaît le soleil, annonçant la venue d’une aube nouvelle. Il en va de même pour la nuit. Les étoiles remplacent les soleils.

Indépendamment de son importante fonction de régulation du temps, elle symbolise d’une manière générale le ciel. De part son rire, elle incarne le tonnerre tandis que ses larmes représentent la pluie. Certains pensent également que Nout pourrait symboliser la voie lactée. Malgré ses différentes activités, elle tient également un rôle dans le culte des morts. La déesse est, par sa symbolique, étroitement liée à la croyance en la résurrection. Cependant aucun temple ne lui est consacré, même si elle est idôlatrée à Héliopolis.

Est-on en droit de penser qu'Atoum a offert délibérement à Nout une place particulière dans la croyance populaire ? Une place d’une importance capitale. S'agit-il d'un simple fait du hasard ?

Destin exceptionnel pour une déesse aux rôles multiples, elle est la seule divinité consacrée dans un livre. "Le livre de Nout" est visible dans la tombe de Ramses IV (KV2) qui a été construite durant la XXème dynastie soit XII siècle avant J.C.. D'autres tombes de la Vallée des Rois montrent de très belles représentations de la déesse (Carte de Nout dans la Vallée des Rois).

Outre le fait que la coutume privilégie une description mi-humaine, mi-animale des divinités, Nout est dessinée, soit vêtue d’une robe noire ou bleue parsemée d’étoiles, soit nue. Elle n’a pas d’animal fétiche même si elle est parfois vénérée sous les traits d’une vache, d’une truie ou d’un hippopotame.

Modestement, sans faire de bruit, Nout a traversé le temps en conservant son nom, fait rarissime, puisque nous sommes plus prompts à utiliser la terminologie grecque des divinités égyptiennes. En suivant cette logique, nous devrions parler de Nout en la nommant « Pet », mot qui signifie le ciel dans son ensemble.



Djéser

Généalogie de Djéser

Grands-parents paternels :
Grands-parents maternels :
?
?
Père :
Mère :
Khâsekhemoui
Nimaâthâpy
Fratrie : Hétephernebty
Epouse : Hétephernebty
Enfants :
Inetkaes et Niânkh-Hathor


Djéser ou Djoser est le fils du roi Khâsekhemoui et de la reine Nimaâthâpy. Deuxième roi de la IIIème dynastie, il succède à Senakht sur le trône d'Egypte. Son véritable nom est Netjerikhet. En effet le nom de Djéser apparaît lors de la XIIème dynastie, il s'agit d'une sorte de surnom que l'on peut traduire par "saint" ou encore "sacré". Ceci prouve le respect qu'on lui porte et que l'on accorde à ses réformes.
Son temps de règne est variable suivant que l'on se fie à Manéthon qui lui attribue vingt-neuf ans de règne (d'après la reproduction d'Africanus) ou au papyrus de Turin qui décompte dix-neuf ans et un mois. Les listes d'Abydos et de Saqqarah proposent, pour cette même période, le nom de deux rois (Djoser et Djoser-Téti) qui ont régné 25 ans. Enfin, Manéthon nomme ce roi Tosorthros ou Sesorthos.

La date de début de son règne varie énormément. Elle se situe aux alentours de -2670 avec une variation de plus ou moins 50 ans. Le tableau ci-contre montre la difficulté de dater avec précision le début du règne de Djéser. Cependant tous ces chercheurs pensent que la souveraineté du roi a duré entre 19 et 20 ans, conformément au papyrus de Turin.
Afin de compliquer encore la tâche des égyptologues, il est à noter que la table d'Abydos présente cinq souverains, celle de Saqqarah quatre alors que Manéthon présente six rois pour la troisième dynastie.
DATES de RÈGNE
2720-2700 - R.Krauss
2700-2680 - E.F.Wente
2690-2670 - J.von Beckerath
2687-2668 - D.B.Redford
2675-2656 - F.Maruéjol
2667-2648 - I.Shaw
2650-2631 - J.Kinnaer
2630-2611 - J.P.Allen
2628-2609 - J.Malek
Sources : Antikforever et autres.

Djéser prend pour Grande-Epouse Royale sa soeur Hétephernebty. De leur union naîtront deux filles; Inetkaes et Niânkh-Hathor.

Les réformes

A l'époque du "Saint", l'Egypte vit une paix toute relative. Djéser en profite pour se donner les moyens de ses ambitions. Il va initier de profondes réformes sur les plans religieux, architecturaux et politique. Le point d'orgue de ses innovations se voit encore de nos jours grâce à l'édification de la pyramide à degrés sur le site de Saqqarah.

Au début de son règne, la résidence royale se situe à proximité d'Abydos, pas très loin du village de Beit-Khallaf où un cimetière a été mis à jour à la fin du XIXème siècle. Cette nécropole comprend, entre autre, deux mastabas de briques crues baptisés mastaba K1 et K2. Khallaf donne son nom aux tombes par l'intermédiaire de sa première lettre, le K.

K1 est l'ensemble le plus imposant, sa surface au sol représente celle d'un petit terrain de football (86 mètres par 45) sur une hauteur de 9 à 11 mètres. Il y a également une sous-structure de 19 mètres. Sa datation remonte au roi Djéser. Les chercheurs pensent que c'est à cet endroit que le roi aurait entrepris la construction d'un premier tombeau.

Djéser va s'entourer d'hommes de grande valeur. Il va profondément remanier l'administration. A cet effet il va nommer Menka dans la fonction de vizir. Il s'agit de la première apparition connue de cette fonction. Ils vont développer ensemble, l'administration centrale, mais, et surtout, l'administration dans les provinces. Djéser pourra ainsi gérer les ressources du pays, organiser des équipes d'ouvriers, distribuer les salaires. En un mot, mener une politique encourageant l'essor économique du pays. C'est également lui qui initiera les premières expéditions dans le Sinaï afin de se procurer du cuivre et de la turquoise. Cette démarche favorise le développement des techniques de taille et de transport des pierres, l'utilisation et la fabrication des outils en cuivre. Il mènera d'autres expéditions en Nubie.

Djéser, Imhotep,... Imhotep, Djéser, l'un ne va pas sans l'autre, lorsque l'on parle de l'un, invariablement on pense à l'autre. Mais qui est Imothep ? Fils de l'architecte Khanofer et de Cheredou-Ankh, son épouse est Ronpetnofret.
C'est un savant aux multiples facettes. Outre le fait d'être un formidable architecte, il est également médecin et prêtre. C'est à lui que l'on doit le premier traîté médical dans lequel il est décrit les premières observations anatomiques, l'examen médical et le diagnostic. Il est de ce fait considéré comme étant le père de la médecine égyptienne, quelque 2200 ans avant le grec Hippocrate qui, lui, sera considéré comme le fondateur de la médecine.
En tant que prêtre il va introduire le mythe osirien et réformer la religion égyptienne. Il sera plus tard associé à Thot avant d'être divinisé puis adoré sur le site de Deir el-Bahari. L'apogée de son renom s'effectue lorsqu'il lui sera dédié un temple sur l'île de Philae auprès du temple de la déesse Isis.
Bien évidemment le rêve passe par l'extraordinnaire. Si Djéser n'avait pas souhaité construire un tombeau hors mesure, il est probable qu'Imothep ne soit devenu un personnage de l'histoire égyptienne comme tant d'autres. De là à penser que le roi fût un mégalomane est une affirmation à laquelle aucune réponse ne peut-être donnée. Il faut se rappeler qu'il a essentiellement oeuvré pour moderniser son pays.


© Francesco Raffaele 2003


La conception du complexe funéraire de Saqqarah donne une idée assez précise de la révolution engendrée par les deux hommes. De constructions en briques de terre crue, on passe à la généralisation des tombeaux à l'aide de la pierre. L'idée de construire une pyramide à degrés n'est pas venue du jour au lendemain. A l'origine, Djéser souhaite un tombeau en forme de mastaba. Deux autres projets de mastabas verront le jour, chaque étape consistant à agrandir la structure. L'idée ne convient ni à Imothep ni à Djéser. C'est alors que l'inimaginable se produit. Les deux hommes pensent à convertir le mastaba en pyramide. Pour cette raison certains égyptologues pensent que la pyramide à degrés de Saqqarah ne serait "que" la superposition de six mastabas. Le tombeau de Djéser mesure 121 mètres par 109 pour une hauteur d'environ 60 mètres.
Il ne s'agit que de la partie visible. Là où le génie d'Imothep prend toute sa dimension, se situe sous la pyramide. Il a imaginé des galeries, puits, magasins... se développant sur presque 5700 mètres et deux niveaux.


Image satellite du complexe funéraire de Djéser
Image Google Maps


La titulature de Djéser

Nom d'Horus Netjerikhet La chair (des Dieux) est divine
Nom de Nebty Netjerikhet Les deux "dames" aux corps divins
Nom d'Horus d'or Nebu ou Bik-Nebou Le Faucon d'or

Khéops

Généalogie de Khéops

Grands-parents paternels :
Grands-parents maternels :
Houni - Mérésânkh Ière
?
Père :
Mère :
Snéfrou
Hétep-Hérès Ière
Fratrie : Néfermaât - Néfertkaou - Ka-Néfer - Ânkhaf
Epouses : 1 : Mérititès Ière
2 : Hénoutsen
3 : Khâmernebti Ière
4 : Noubet
Enfants :
1 : Kaouab Ier - Baoufrê - Hordjédef - Mérésânkh II
2 : Khoufoukhaf - Khéphren
3 : Horbaf
4 : Khentetenka - Djédefrê (Didoufri) - Hétep-Hérès II


Khéops est le nom grec de Khoufou qui serait une abréviation de Khnoum-koue-foui (Khnoum me protège). Il est le fils de Snéfrou et Hétèp-Hérès Ière. Il prend pour Grande-Epouse Royale Mérititès avec qui il aura trois garçons et une fille. C'est cependant parmi les enfants de sa deuxième épouse, avec qui il aura deux garçons, qu'il choisit son successeur; Khépren. Djédéfrê, fils de Noubet, sa quatrième épouse, deviendra roi à la mort de son-demi frère Khéphren.
Comme pour tous les rois, de la dynastie zéro à la période intermédiaire, il est difficile de dater avec exactitude la durée du règne de Khéops. Manéthon lui donne 69 ans de règne tandis que le papyrus de Turin lui décompte 23 ans. Dans le tableau ci-contre mis à part Rolf Krauss qui pense que son règne a duré environ 40 ans, les autres penchent davantage vers la version du papyrus de Turin en lui octroyant entre 20 et 25 ans.
Ceci dit, il faut également prendre en compte le fait que Khéops aurait participé à une Fête-Sed. Celle-ci se déroulant après 30 ans de règne...
DATES de RÈGNE
2620 - 2580 - R.Krauss
2609 - 2584 - D.B.Redford
2604 - 2581 - J.von Beckerath
2590 - 2567 - F.Maruejol
2589 - 2566 - I.Shaw
2555 - 2520 - D.Arnold
2551 - 2528 - J.P.Allen
2551 - 2528 - C.Ziegler
2549 - 2526 - J.Malek
2547 - 2524 - A.D.Dodson

Le règne et la gloire ...

Du règne du roi Khéops, on n'en sait en définitif très peu. Hérodote le dépeint comme un homme cruel. Dans son ouvrage "Histoires", livre II "Euterpe" (Extrait) Chapître CXXIV à CXXVIII, Hérodote parle de Khéops et Khéphren en termes peu flatteurs. Quelle valeur historique peut-on véritablement donner à cet ouvrage construit autour de "ouï dire" (ch. CXXIII : Que celui qui trouve croyables les récits des égyptiens en fasse son profit. Pour moi, dans tout le cours de mon récit, je m'attache à rapporter tout ce que j'ai ouï dire de chacun.). Cependant, Hérodote excuse quelque peu la "barbarie" de Khéops et Khéphren dans le chapitre CXXXIII, il se base sur un oracle de Buto afin d'essayer d'expliquer le malheur des Egyptiens durant cette période.
Il est à penser que seuls les faits qu'il a constatés de ses yeux ont une certaine valeur. L'étude historique qu'il mène sur une terre de barbares (Hérodote conçoit le noble dessein d'examiner de quels peuples s'est composé le grand empire barbare, de remonter à l'origine de chacun d'eux... - Introduction de L'Histoire d'Hérodote traduit par P.Giguet), n'a rien de scientifique. Si le titre de l'ouvrage peut-être traduit par "celui qui sait, qui connaît ", à aucun moment il ne se pose en scientifique, c'est-à-dire à la recherche du savoir et de la vérité.
Il faut bien évidemment replacer le mot "barbare" dans son contexte. Pour Hérodote le monde est binaire. D'un côté, la civilisation, représentée par la Grèce, de l'autre le monde "barbare" représenté par les civilisations égyptienne, perse, assyrienne...
La chronologie qu'il utilise est également sujette à caution. Hérodote place le règne de Khéops après celui d'un certain Rhampsinite, connu par le conte qui porte son nom. Il est également fort probable que Rhampsinite soit tout simplement Ramsès II. (CXXI 1. Selon les prêtres, à Protée succéda Rhampsinite, qui laissa comme monument le portique du temple de Vulcain, qui regarde l’ouest. En face du portique, il érigea deux statues hautes de vingt-cinq coudées).
Il est louable de penser que dans l'imaginaire grec, il est inconcevable que l'on ait pu construire des monuments aussi imposants que les pyramides lisses sans avoir recours à l'esclavagisme et à la cruauté qui immanquablement l'accompagne.
Croire aveuglément Hérodote serait faire peu de cas des découvertes de Mark Lehner, qui suite à des fouilles menées sous l'autorité de Zahi Hawass, a mis au jour un village d'artisans et d'ouvriers à Gizeh. Les découvertes de l'égyptologue démontrent que les personnels employés étaient correctement soignés. La construction qui aurait duré environ une vingtaine d'années démontre de grandes qualités de management de la part de Khéops, ainsi qu'une administration sans faille pour mener à bien ce qui restera à jamais le premier grand projet fédérateur égyptien.

... pour les siècles.

La grande pyramide de Gizeh est la dernière des sept merveilles du monde encore debout presque 4500 ans après son édification.
Sa construction est encore un mystère de nos jours. Les hypothèses quant à l'élévation d'un tel monument foisonnent. La question récurrente que se posent les scientifiques est de savoir comment six millions de blocs de pierres aussi imposants ont pu être mis en place. A cette époque, ni roue, ni palan, ni poulie pour aider à l'élaboration d'un tel chantier. Aucun plan n'existe afin d'essayer de nous faire comprendre le génie des hommes. De rampes extérieures perpendiculaires à la structure, il est question aujourd'hui d'une rampe intérieure. C'est ce que nous montre l'architecte Jean-Pierre Houdin dans une étude dont se fait l'écho le périodique "Sciences et Avenir" n° 743 de janvier 2009. Une petite pièce identifiée dans la structure de la pyramide, validerait cette hypothèse. La firme "Dassault Systèmes" en effectuant une étude comparative du champ thermique de la pyramide pourrait également la confirmer ou non. En effet le rayon thermique se propage de façon régulière dans l'édifice et vers le sol dans le cas d'une pyramide "pleine". Ce qui n'est pas le cas d'une pyramide dans laquelle une rampe intérieure aurait été aménagée. D'une façon purement scientifique il serait intéressant de vérifier cette hypothèse. Actuellement les seuls essais réalisés l'ont été sur des modèles. La théorie de Jean-Pierre Houdin
Toujours est-il que cette construction a demandé énormement de main d'oeuvre. Le chiffre de 15 000 hommes et femmes travaillant simultanément est avancé par Christiane Ziegler dans le manuel de l'école du Louvre. Il faut penser également que ces 15 000 êtres ne représentent "qu'une équipe". Le gros de la troupe est composé de paysans. Une sorte de turn-over est organisé afin que le peuple de haute et basse-Egypte participe à cette construction. C'est donc vraisemblablement plus de 100 000 personnes qui ont participé à l'édification de la grande pyramide.

Pour en savoir plus sur la construction des pyramides, je vous propose deux sites : Numerus et Pyramidales


Image satellite du complexe funéraire de Gizeh
Image Google Maps


La titulature de Khéops

Nom d'Horus Medjedu
Nom de Nebty Medjeder
Nom d'Horus d'or Nebouy
Nom Nesout-bity Khoufou Qu'il me protège !



Extrait d'Histoires d'Hérodote ( Livre II - Euterpe)

CXXIV. Les prêtres m'ont dit encore que, jusqu'à Rhampsinite, l'équité prévalait en Egypte et que la prospérité du pays était grande; mais après lui Chéops régna et l'on eut à souffrir toute espèce de misère. D'abord, il ferma tous les temples et défendit d'offrir des sacrifices; ensuite, il força les Egyptiens de travailler pour lui. A quelques-uns, il donna pour tâche de tirer, jusqu'au Nil, des pierres qu'ils extrayaient de la montagne arabique; à d'autres il prescrivit de passer en barques ces pierres et de les conduire à la montagne libyque. Ils travaillaient sans relâche, au nombre de cent mille hommes, que l'on relevait tous les trois mois. Le peuple accablé employa dix ans à construire le chemin par lequel on transportait les pierres, œuvre, à ce qu'il me semble, à peine moindre que la pyramide, car sa longueur est de cinq stades, sa largeur de dix brasses et sa grande hauteur de huit brasses; il est fait de pierres de taille, ornées de figures sculptées. A ce chemin on employa donc dix années, pendant lesquelles on fit, en outre, les chambres souterraines, creusées dans la colline où sont les pyramides. Ces chambres, destinées à la sépulture de Chéops, se trouvèrent le dans une île, au moyen de canaux alimentés par l'eau du fleuve. Il fallut vingt années pour la pyramide elle-même; elle est quadrangulaire, chacune de ses faces a huit plèthres à la base; sa hauteur est pareillement de huit plèthres; elle est toute en pierres de taille parfaitement ajustées; nulle des pierres n'a moins de trente pieds.
CXXV. Cette pyramide a été faite comme je vais dire, en gradin, que les uns nomment échelons, et d'autres petits autels. Lorsque l'on eut construit la base, on éleva le reste des pierres, à l'aide de machines fabriquées avec de courtes pièces de bois; la force d'une machine agissait d'abord depuis le sol jusqu'au plateau du premier gradin; on y transportait la pierre que l'on posait sur une seconde machine, qui s'y trouvait fixée.De là elle était montée sur le second gradin, et sur une troisième machine. Autant il y avait de rangées de gradins, autant il y avait de machines. Il est possible cependant qu'il n'y eût qu'une seule machine portative : en ce cas, on la montait de gradin en gradin, après y avoir élevé la pierre. Car il faut que je rapporte les deux procédés, comme ils m'ont été dits. Le sommet de la pyramide fut achevé avant le reste; on donna ensuite la dernière main au gradin suivant, et l'on termina par le plus bas, par celui qui touchait au sol. On a marqué en caractères égyptien, sur la pyramide, pour combien les ouvriers ont consommé d'aulx, d'oignons et de persil. Autant que je puis m'en souvenir, l'inscription, que l'interprète m'a expliquée, signifie que la la somme s'élève à seize cent talents d'argent. Si ces choses ont autant coûté, que n'a-t-on pas dépensé en outils de fer, en vivres et en vêtements, durant le temps employé à bâtir, qui a été ce que j'ai dit, outre, comme je le pense, celui, non médiocrement long, qu'il a fallu pour tailler les pierres, les conduire et faire sous terre les excavations?
CXXVI. Chéops en vint à un tel degré de dépravation, que, manquant d'argent, il fit, dit-on, entrer sa fille dans une maison de débauche, lui ordonnant de gagner une certaine somme; les prêtres ne m'ont pas dit combien. Elle obéit; elle amassa la somme fixée par son père; et de plus, elle eut l'idée de laisser un monument à elle propre; elle demanda donc, à chacun de ceux qui l'approchaient, le don d'une pierre. De ces pierres, on prétend que fut bâtie celle des pyramides qui est au milieu des trois, un peu en avant de la plus grande, et qui a, sur chaque côté, un plèthre et demi à la base.
CXXVII. Chéops, au rapport des Égyptiens, régna cinquante ans; après sa mort son frère Chéphren hérita de la royauté et se comporta comme lui en toutes choses; il bâtit une pyramide moindre, par ses dimensions, que celle du feu roi; je l'ai moi-même mesurée; elle n'a ni chambres souterraines, ni canaux qui conduisent jusqu'à ses pieds l'eau du fleuve, comme cela a lieu pour l'autre, où des dérivations du Nil forment une île dans laquelle on dit que gît le corps de Chéops. Après avoir élevé le premier gradin en pierres marbrées d'Ethiopie, il donna à la pyramide quarante pieds d'élévation de moins qu'à la première, dont elle est peu éloignée; toutes les deux sont sur le même plateau, dont la hauteur est d'environ cent pieds. Selon les prêtres, Chéphren a régné cinquante-six ans.
CXXVIII. On compte donc cent six ans pendant lesquels les Egyptiens souffrirent toute espèce de misère; les temples, durant tout ce temps, furent fermés, on ne les ouvrit pas un seul instant. Le peuple, dans sa haine pour ces rois, évite de les nommer : il appelle les pyramides, pyramides de Philition; c'est le nom d'un pâtre qui alors paissait en cet endroit ses troupeaux.


Chronologie

Dynastie :
0 | I | II | III | IV | V | VI | VII | VIII | IX | X | XI | XII | XIII | XIV | XV | XVI | XVII | XVIII | XIX | XX | XXI | XXII | XXIII | XXIV | XXV | XXVI | XXVII | XXVIII | XXIX | XXX | XXXI


Proposer une chronologie des Reines et Rois de l'Egypte ancienne n'est plus la grande aventure qu'ont connue les premiers égypotlogues.

Manéthon de Sebennytos (IIIe siècle av. J.-C.) a proposé la sienne à Ptolémée Ier Sôter par l'intermédiaire de son oeuvre "l'histoire de l'Égypte" (Ægyptiaca). En tant que prêtre, il a vraisemblablement eu accès aux listes royales des temples. Cependant il est fort à parier que l'homme a parfois caché la vérité, l'idéologie l'emportant sur l'histoire. Si on lui doit la décomposition dynastique de la succession des souverains, sa chronologie démontre davantage une forme de propagande, afin d'y soustraire certains rois, qu'une réalité. Les dynasties ne tiennent pas toujours compte des liens familiaux, certains rois n'apparaissent que par "obligation" historique et parfois sous des noms falacieux ou péjoratifs. A ce sujet les souverains d'Amarna ont été particulièrement égratignés, Akhénaton en tête. Les restes de son oeuvre font toutefois toujours référence en matière de divisions dynastiques, même si bon nombre d'égyptologues affinent de jour en jour ce qui fit de Manéthon le premier véritable historien de l'Egypte antique.

Aujourd'hui, des dizaines de savants ont proposé des chronologies. Les grandes querelles chronologiques, comme les nomme Nicolas Grimal dans "Histoire de l'Egypte ancienne", du tournant du XIXème siècle, opposent deux types de chronologie. La chronologie dite "longue" trouvait ses partisans dans un usage non scientifique des sources documentaires, les autres dans une histoire tributaire des recherches archéologiques. A présent tout le monde ou presque s'accorde autour d'une chronologie "courte". Actuellement, un consensus existe, sur les deux premiers millénaires avant Jésus-Christ. Les progrès de la science, sans jeter le trouble sur l'histoire de l'Egypte, permettent d'affiner de façon presque quotidienne nos connaissances et par conséquent les origines de la plus merveilleuse civilisation antique.

La chronologie proposée se base, à l'origine, sur la publication de Jürgen von Beckerath, "Chronologie des pharaonischen Ägypten", MÄS 46, 1997.
Celle-ci est, bien entendu, appelée à évoluer.


Liste des Pharaons

Période protodynastique
Dynastie Zéro Horus au Serekh
Horus Ny-Hor
Horus Hat-Hor
Horus Iry-Ro
Horus Ka
Horus Scorpion I
Horus Scorpion II
Horus Narmer (puis Ménès)



Période prédynastique
La période prédynastique est une ère de transition qui va permettre au sortir du néolithique, la formation d'un état par unification du pays et centralisation des pouvoirs. C'est le début de près de 3000 ans d'institution pharaonique.
Ière dynastie Ménès (Horus Aha)
Horus Atoti
Horus Djer
Horus Ouadji
Horus Den
Horus Adjib
Horus Sémerkhet
Horus Qaâ

Le roi Ménès
L'unification des royaumes de Basse et de Haute-Egypte fut l'œuvre du roi Narmer qui prit par la suite le nom de Ménès, c'est-à-dire «le fondateur».



IIème dynastie Hotepsekhemoui
Nebrê
Ninetjer
Ouneg
Sekhemib
Néferkarê
Néferkasokar
Houdjefa
Khasékhemoui (Peribsen)

Fort, attribué à Khasékhemouy.



Période thinite - Ancien Empire (-2700)
IIIème dynastie Nebka
Djéser
Djéser-Téti
Khâba
Mésôchris
Houni

La pyramide à degré de Djeser

IVème dynastie Snéfrou
Khéops
Djédefrê
Khéphren
Bichéris
Mykérinos
Chepseskaf
Thamphthis

Le plateau de Gizeh avec au premier plan le Sphinx - Photo Geb et Nout

Vème dynastie Ouserkaf
Sahourê
Néferirfarê
Shepseskarê
Néferefrê
Niouserrê
Menkaouhor
Djedkarê-Isési
Ounas

Tête d'Ouserkaf (musée du Caire)

VIème dynastie Téti
Ouserkarê
Pépi Ier
Mérenrê Ier
Pépi II
Mérenrê II
Nitokris

Fraguement du Texte des Pyramides d'Ankhesenpépi



Première période intermédiaire (-2200)
VIIème dynastie Neferkarê
Menkarê
Néferkarê II
Néferkarê III
Djedkarê II
Néferkarê IV
Menrenhor
Nikarê
Néferkarê V Tererou
Néferkahor


VIIIème dynastie Néferkarê Pepiseneb
Néferkamin Anou
Qakarê-Ibi
Néferkaourê
Néferkaouhor
Néferirkarê II
Sékemkarê
Ouadjkarê
Ity
Imhotep
Hotep
Khoui (Choui)
Isou
Iytenou


IXème dynastie Méribrê
Khéty Ier
Mérikaré
Néferkarê VII
Khéty II
Khéty III
Khéty IV


Xème dynastie Khéty V
Khéty VI
Khéty VII
Mérikarê Ier


XIème dynastie Mentouhotep Ier
Antef Ier
Antef II
Antef III




Moyen Empire (-2022)
XIème dynastie Mentouhotep II
Mentouhotep III
Mentouhotep IV


XIIème dynastie Amenemhat Ier
Sésostris Ier
Amenemhat II
Sésostris II
Sésostris III
Amenemhat III
Amenemhat IV
Néférousébek

Statue de Sésostris II provenant de Tanis. Granit, 2m65. Musée du Caire. (Site Egypte antique)



Seconde période intermédiaire (-1786)
XIIIème dynastie Sobekhotep Ier
Sobekhotep II
Sobekhotep III
Sobekhotep IV
Sobekhotep V
Sobekhotep VI
Sobekhotep VII
Sobekhotep VIII
Sobekhotep IX


XIVème dynastie,
Hyksôs
Antef IV
Mentouhotep V
Mentouhotep VI
Amenemhat V
Amenemhat VI
Amenemhat VII


XVème dynastie,
Hyksôs
Salatis
Yakhoub-Har
Khyan
Apophis Ier
Khamudi
Apophis II ?

Fragment de fresque de style minoen découvert dans le palais d'Avaris.

XVIème dynastie
Hyksôs
Anat-Her
Ouser-Anat ou Aper-Anat
Semqen
Sokar–Hor
Yamou ou Yaam
Yakobaam ou Yakobner ou Yakoub-Amou
Amou
Pépi III
Nebmaâtrê
Âahoteprê ou Âaheteprê
Âanetjerirê ou Saanetjerê
Méribrê
Nebouânkhrê ou Noubânkhrê
Nikarê II ou Nykarê
un roi dont le nom est en lacune ...Karê
Ouaza ou Ouadj
Qour ou Kar ou Kour
Shenès
Beb-Ânkh


XVIIème dynastie,
Thèbes
Antef V
Rahotep
Sobekemsaf II
Djéhouty
Montouhotep VII
Nébiryaou Ier
Antef VII
Sénakhtenrê Taâ Ier
Séqénenrê Taâ II
Kamosé
Ahmose

Masque du sarcophage d'Iâhhotep (Musée du Caire)



Nouvel Empire (-1552)
XVIIIème dynastie Ahmose
Aménophis Ier
Thoutmôsis Ier
Thoutmôsis II
Hatchepsout
Thoutmôsis III
Aménophis II
Thoutmôsis IV
Aménophis III
Aménophis IV puis Akhénaton
Néfernéférouaton ?
Smenkhkaré
Toutânkhaton puis Toutânkhamon
Aÿ
Horemheb

Statue de la reine Hatchepsout. Deir el-Bahari. Calcaire peint, 61cm. Le Caire.

XIXème dynastie Ramsès Ier
Séthi Ier
Ramsès II
Mineptah
Séthi II
Amenmes
Siptah
Taousert

Fragment de la tombe de Séthi Ier, Musée du Louvre.
La déesse Hathor, souveraine de l’Occident (le monde des morts) accueille Séthi dans son domaine.


XXème dynastie Sethnakht
Ramsès III
Ramsès IV
Ramsès V
Ramsès VI
Ramsès VII
Ramsès VIII
Ramsès IX
Ramsès X
Ramsès XI
Hérihor roi-prêtre à Karnak




Troisième période intermédiaire
Durant les XXIe et XXIIe dynasties il existe une dynastie des Grands prêtres d'Amon à Thèbes en parallèle de celles de Pharaon.
XXIème dynastie Smendès
Amenemnesout
Psousennès Ier
Aménémopé
Osorkon l’ancien
Siamon
Psousennès II

Grand collier de Psousennès Ier - Musée du Caire (Photo : www.insecula.com)

XXIIème dynastie,
Bubastis
Sheshonq Ier
Osorkon Ier
Sheshonq II
Takélot
Osorkon II
Takélot II
Sheshonq III
Pimay
Sheshonq IV

Relief d'Osorkon II et de la reine Karomama I - Hall de Bubastis

XXIIIème dynastie,
Tanis
Pedoubastis
Ioupout
Sheshonq V
Osorkon III
Takélot III
Roudamon
Ioupout II
Osorkon IV


XXIVème dynastie,
Tanis
Tefnakht
Bakenranef




Basse époque (-750 à -30)
XXVème dynastie,
Koushite
Piânkhy
Shabaka
Shabataka
Taharqa
Tanoutamon


XXVIème dynastie,
Saïte
Nékao Ier
Psammétique Ier
Nékao II
Psammétique II
Apriès
Amasis
Psammétique III


XXVIIème dynastie,
première dynastie perse
Cambyse II
Bardiya (ou Smerdis)
Darius Ier le Grand
Xerxès Ier
Artaxerxès Ier
Xerxès II
Sogdianos
Darius II Nothos
Artaxerxès II

Archer de Darius 1er. (http://www.historel.net)

XXVIIIème dynastie Amyrtée

XXIXème dynastie Néphéritès
Psammouthis
Achôris
Néphéritès II


XXXème dynastie Nectanébo Ier
Téos (Tachos)
Nectanébo II


XXXIème dynastie,
Seconde dynastie Perse
Artaxerxès III
Arsès
Darius III


Période macédonienne Alexandre le Grand

Dynastie des Ptolémées Ptolémée Ier (Sôter)
Ptolémée II (Philadelphe)
Ptolémée III (évergète)
Ptolémée IV (Philopator)
Ptolémée V (épiphane)
Ptolémée VI (Philométor)
Ptolémée VII (Néos Philopator)
Ptolémée VIII (évergéte II)
Ptolémée IX (Sôter II)
Ptolémée X (Alexandre)
Ptolémée IX (Sôter II)
Ptolémée XI (Alexandre II)
Ptolémée XII (Néos Dionysos)
Bérénice IV
Ptolémée XII (Néos Dionysos)
Cléopâtre VII
Ptolémée XIII (Dionysos)
Ptolémée XIV (Philopator II)
Ptolémée XV (Césarion)

Stèle sur laquelle Cléopâtre VII fait offrande à Isis - Musée du Louvre