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L'évolution de l'écriture - partie 2
Le méroïtique

vendredi 26 juin 2009

Le matériel


Le "scribe accroupi"
Saqqara
Calcaire peint, yeux incrustés de cristal de roche dans du cuivre
IV ou Vème dynastie - 2600-2350 av. J.C.
Musée du Louvre



Palette du peintre Imenmès en bois
Neuf cupules, ornée de représentations
de divinités.
XIXème dynastie - Règne de Ramsès II
Musée du Louvre
Le scribe
La corporation des scribes était importante. S'ils étaient nombreux, peu d'entre eux avaient la chance de travailler dans un temple ou auprès d'une haute autorité. Beaucoup étaient écrivains publics et leurs missions auprès de la population étaient multiples. Ils pouvaient aussi bien écrire des lettres aux familles éloignées, des doléances envers les autorités qu'offrir leur aide à la gestion d'entreprises. La multiplicité de leurs tâches et des lieux où ils devaient se rendre pour les accomplir, les obligeait à se déplacer énormément et par conséquent ils cherchaient à voyager "léger".

La position du scribe "accroupi", découvert par Auguste-Édouard Mariette, n'a rien d'exceptionnel. En effet, cette position permettait de créer un support au papyrus en tendant le pagne avec les cuisses et ainsi de donner davantage de souplesse au scribe lors de la transcription des informations.

Broyeur, godet...
Avant de prendre cette position, le scribe se devait de préparer son matériel, qu'il s'agisse du calame pour écrire ou de la préparation des couleurs. Le papyrus était, quant à lui, fabriqué en grande quantité par des entreprises spécialisées. Elles offraient un papyrus de plus ou moins bonne qualité suivant la richesse du futur acquéreur. Cependant l'écriture pouvait également s'effectuer sur des éclats de calcaire, appelés ostracon, éclats de poterie ou encore des tablettes de bois.


Modèle de lettre en hiératique du vizir Djéhoutymès au chef du trésor Imenhétep.
Vers 1120 avant J.C. (Règne de Ramsès IX, XXème dynastie)
Eclat de calcaire (ostracon) - Musée du Louvre - E11178A

La préparation des couleurs était un acte significatif du quotidien des scribes. Comme on peut le constater sur les textes dédiés aux dieux, la couleur est importante. Il ne faut pas se tromper dans des mélanges savamment distillés. On trouve également de la couleur sur les papyrus administratifs ou comme ci-contre un extrait du poème de Pentaour relatant la bataille de Qadesh (rouge en haut à droite).


1200 avant J.C. - Musée du Louvre - E4892

Les couleurs de l'écriture étaient essentiellement le noir et le rouge. Le noir était utilisé pour le corps de texte tandis que le rouge servait pour les titres ou les corrections (et oui déjà !). La préparation des couleurs s'effectuait à l'aide d'un pilon, d'un broyeur de couleurs ou encore d'un mortier. Une fois le charbon de bois écrasé pour le noir ou l'oxyde de fer pour le rouge, le scribe utilisait un liant, en général de la gomme d'acacia appelée également gomme arabique. Ce liant permettait de créer des petits bâtonnets de couleur.


Pilons et broyeur - Musée du Louvre
1 Broyeur de couleur en porphyre - N3032
Epoque romaine.
2 Pilon en albâtre - E11503
3 Pilon en pierre noire - AF9558
4 Pilon en albâtre - E21071
La gomme arabique est issue de "l'acacia Sénégal". Il s'agit d'un épanchement liquide formant un amalgame créé naturellement ou par incision. Cette gomme est récoltée principalement en Afrique saharienne. Les égyptiens l'utilisent depuis la IIIème dynastie.

Photo : Wikipédia.org


Mortier en forme de cartouche - Musée du Louvre - E18544
Basalte


C'est dans la cupule que l'on broyait les couleurs. Il arrivait parfois que dans la recherche d'une teinte spécifique l'on puisse mélanger différents produits.


A tout ce matériel est associé des godets à eau de différentes formes. Le scribe y trempait son calame afin de délayer l'eau avant d'écrire puis de le nettoyer après usage.


Godet à eau double - Musée du Louvre - E18790 - basalte

Godet à eau au nom de Paser, vizir de Ramsès II - Musée du Louvre - E5344 - faïence silicieuse


Le calame
Le calame du grec calamos est un instrument d'écriture généralement en roseau taillé en pointe. Le terme arabe est qalam qui signifie, aujourd'hui, crayon ou stylo. Bien avant que l'écriture n'apparaisse en Egypte celui-ci était déjà utilisé en basse Mésopotamie dans l'écriture cunéiforme. Cette forme d'écriture est le premier système d'écriture élaboré que l'on connaisse et est certainement apparue à l'initiative des sumériens. Elle est née environ 3400 à 3300 ans avant J.C.. Le support en était l'argile. Là où nous voyons des coins (en latin cuneus), les sumers y voyaient des triangles (santak, de santakku en akkadien). Le nom de cette écriture vient de la forme du calame, taillé en biseau et ayant une forme de triangle, coin ou clou.


Extrait d'un tablette cunéiforme - Musée du Vatican - 15027 - Photo : Egypte-antique.org
Période néo-assyrienne - Règne de Sargon II - environ 721 à 705 avant J.C.

Les égyptiens utilisaient le calame de différentes façons, suivant le support. A sec, il est utilisé sur des tablettes d'argile. Trempé dans une encre, il est utilisé sur un papyrus, un tissu ou tout autre support.
Avant de le tremper dans de l'encre, la pointe du calame est émoussée afin que l'encre s'imprègne correctement, en créant une réserve naturelle. Il ressemble déjà à nos pinceaux.

La palette
La palette est certainement l'élément le plus significatif des outils du scribe. En effet, elle est support de couleurs, permet le rangement des calames, sert accessoirement de règle. Cet outil de première nécessité souvent décoré, présente comme un érudit, tout possesseur de cet emblème d'une profession très enviée. La palette est généralement confectionnée en bois et parfois en ivoire. La palette est également un élément de décoration très prisé sur les bas-reliefs ainsi que dans le mobilier des défunts.
Comme pour marquer encore davantage son importance, la palette de scribe est représentée en égyptien ancien par un hiéroglyphe. Ce dernier se situe dans la section Y du catalogue Gardiner. Il est, avec le rouleau de papyrus scellé, le seul idéogramme ayant un rapport direct avec l'écriture.

© Rosette-Mury
Gardiner : Y3
Translitération : sS / naa / snaa / Tms / tms
Signification: palette de scribe, écriture, aspect lisse, couleur rouge
Description: Palette de scribe (var.Y4)
Commentaires: idéogramme ou déterminatif dans 'écrire, scribe', et termes dérivés, ainsi que dans mnhd, nom du matériel du scribe.
Source: GM-03 - Projet Rosette


Le papyrus

© Rosette-Mury
Gardiner : Y1
Translitération : mDA.t / dmD / dmd
Signification: écriture, abstraction
Description: Rouleau de papyrus scellé (var.Y2)
Commentaires: idéogramme dans mDAt 'rouleau de papyrus' déterminatif dans les termes liés à l'écriture ou aux notions abstraites
Source: GM-03 - Projet Rosette
Indissociable de l'Egypte antique, le papyrus a traversé les millénaires pour continuer à se balancer sur les rives du Nil. Le cyperus papyrus ou papyrus d'Egypte ne fourmille que sur les bords du fleuve sacré. Plante endémique des bords du Nil, on la trouve du delta jusqu'au Soudan malgré une tentative d'exportation avortée en Mésopotamie. Bien entendu cette plante est une cousine de celle que l'on rencontre communément dans nos contrées tempérées. Du reste il existe environ 550 variétés de cyperus. Le papyrus d'Egypte ne rechigne ni à la très forte chaleur ni à avoir les pieds dans l'eau. Cette plante atteint en moyenne près de trois mètres de haut pour une hauteur maximale de cinq mètres. Les bords du Nil étaient de véritables forêts de papyrus, et c'est tout naturellement que les hommes ont utilisé cette plante à des fins domestiques. Ces forêts de papyrus sont essentiellement peuplées d'une faune à base de reptiles ou d'oiseaux. Si l'on y trouve parfois des mammifères de taille moyenne, ils ne font que suivre les traces de la "déforestation" due aux gros pachidermes aquatiques. Ce papyrus est facilement reconnaissable. Les tiges sont triangulaires et sont surmontées par une sorte d'ombrelle. Son feuillage est vert jade, long, effilé, persistant. Il comporte des épillets bruns.



Cyperus papyrus

Les traces de l'invention du papier à base de papyrus remontent à environ 5000 ans. Sa fabrication est relativement simple. Après avoir retiré l'écorce de la plante, on découpe la tige en fine lamelle. Après trempage, elles sont juxtaposées les unes aux autres afin de créer un premier lit de feuillage. Ensuite on superpose une seconde rangée à la première en prenant bien soin de les placer perpendiculairement. Ainsi préparée, la feuille va être compressée afin de l'aplanir et de la sécher (ci-dessous un diaporama de Jim Wallace pour le CNRS, sur la confection d'une feuille de papyrus). Seul un côté de la feuille est utilisé. Ce côté est enduit de sève de papyrus afin que l'encre ne coule pas. Une feuille de papyrus mesure en général cinquante centimètres. Afin de confectionner des rouleaux il suffit d'y associer différentes feuilles les unes aux autres. Le liant était plus ou moins bien exécuté comme sur le papyrus de Nespakachouty. Le plus long papyrus connu est le "Grand papyrus Harris" du British Museum. Celui -ci mesure près de 42 mètres de long.

Le Grand Papyrus Harris - de Thèbes, probablement à Deir el-Medina, Règne de Ramsès IV, vers 1200 avant JC.
Papyrus de discours aux dieux, montrant Ramsès III devant la Triade de Thèbes.
À quarante-deux mètres, c'est l'un des plus longs papyrus de l'Égypte ancienne. Il est divisé en cinq sections, avec texte hiératique et trois illustrations du roi et les dieux accompagnés de textes hiéroglyphiques.
Le papyrus est nommé d'après AC Harris qui l'acquit en 1855. Ce papyrus est devenu propriété du British Museum en 1872.
P. Grandet, Le papyrus Harris , 2 vols. (Le Caire, 1994) - Photos : British Museum


Avant de pouvoir écrire sur le papyrus, le scribe utilisait un lissoir afin d'aplanir les impuretés du papyrus. Enfin il utilisait un coupe papyrus certainement dans un souci d'économie de papier.

Ci-contre : Coupe papyrus à tête de canard en bronze, provient du Musée du Louvre - M2120
Lissoir à papyrus en bois incrusté d'ivoire, Musée du Louvre - N1723
Lissoir à papyrus en bois, Nouvel Empire - Deir el Médineh, Musée du Louvre - E14672

Le sceau
Le sceau est une véritable oeuvre d'art. Malheureusement on lui préfère des oeuvres plus importantes et plus voyantes. Il revêt différents aspects. Il peut être ciselé sur une bague, de forme cylindrique ou plate. Il est en os, bois, pierre précieuse ou argile. Si un papyrus est systématiquement signé par la personne physique qui l'écrit, il sera scellé par son ordonnateur, qu'il s'agisse d'un roi, vizir, prêtre... Afin de fermer un papyrus on y appose un sceau. Pour ce faire, on fait couler de la cire sur la partie à clore puis on la presse avec le sceau. Une fois le sceau apposé sur une ordonnance quelle qu'elle soit, il n'est plus possible de revenir en arrière. Du reste, un sceau ferme un papyrus de la même façon qu'une enveloppe enferme une lettre. Casser un sceau est l'acte qui précède la prise de connaissance d'une missive. On comprend aisément l'importance de cet outil. Sa perte pouvait devenir un drame.

Sceaux-cylindres
1 : Gravé d'un faucon - faïence silicieuse - E32670
2 : Au nom du roi Djédkarê Isési - bleu égyptien - 2400 av. J.C - E32669
3 : Au nom de la déesse Hathor - Serpentinite - 3100-2700 av. J.C - E269018
4 : En os - vers 3100-2700 av. J.C - E11890
5 : Au nom de Pépi 1er vers 2300 av. JC. - E13441
6 : Gravé d'animaux - os ou bois de cervidé - E1....
Scellés en argile
7 : De la pyramide de Khéops - E
8 : Psammétikankh prie Nebethétepet - VII-Vi s. av. J.C - Avec un souhait de bonne année -
Musée du Louvre



Scribe assis en tailleur
19e - 20e dynastie, 1295 - 1069 avant J.-C.
Diorite - H. : 51,20 cm. ; L. : 34,50 cm. ; Pr. : 34,50 cm.
Le prêtre-lecteur Ounennéfer s'est fait représenter en scribe.
Musée du louvre - A 82




Page extraite du dossier “Art & Sciences” avec l’autorisation de CNRS/sagascience.