Le "Livre de L'Amdouat" est le plus ancien "Livre du monde souterrain". Il est également le seul en usage jusqu'à l'époque amarnienne. Il propose une représentation religieuse de la course nocturne du dieu solaire. Ce livre est également connu sous le nom de "Livre des demeures secrètes" ou encore "Livre de la Chambre cachée". Cet ouvrage a une valeur symbolique très particulière, puisque dans un premier temps il ne s'adresse qu'au roi défunt qui, à chaque aurore, doit renaître. Une "démocratisation" des rites funéraires aux alentours de 1000 avant J.C. ainsi qu'un goût prononcé pour la représentation symbolique, vont permettre aux particuliers les plus aisés d'utiliser les anciens rites royaux. L'espoir d'une éternité pour le commun des mortels prend forme. Le défunt suit le même parcours que le dieu soleil qui va de l'Occident vers l'Orient. Une fois ce voyage accompli , le défunt est censé renaître à la vie éternelle.
L'élaboration de ce texte intègre, pour la première fois, une pensée mythologique qui tente une explication et une description du monde souterrain.
A l'issue de son voyage sur la barque solaire qui aura duré douze heures, Rê accède à l'autre monde. La symbolique de ce cycle est représentée par la déesse Nout qui avale le douzième soleil à l'orée de la journée avant de le laisser s'échapper d'entre ses cuisses à l'aube d'une nouvelle victoire de Rê face au chaos.
Accompagné de son escorte, Rê glisse sur sa barque d'heure en heure. Le passage d'une heure à l'autre s'effectue grâce à la déesse Isis qui prononce les paroles sacrées. Le monde souterrain est représenté par une succession de grottes, champs, villes... séparés par des portes.
Barque de Rê
Détail de la stèle funéraire de Disiset, musicienne d'Amon-Rê
vers 250 - 200 avant J.-C. - bois peint - Musée du Louvre
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A chaque heure est associé un site. Le monde souterrain est traversé par un fleuve, une sorte de contre-Nil. La barque traverse les obstacles du monde des ténèbres et lutte pour combattre le chaos et rétablir l'ordre. C'est ainsi que le dieu soleil doit combattre Apophis, constamment dissimulé et à l'affût de toute erreur. L'arrêt de la course nocturne signifirait tout simplement la fin du monde. Fort d'une victoire, qui ne fait aucun doute, le dieu renaît sous l'apparence de Khépri. Khépri Détail de la stèle funéraire de Disiset, musicienne d'Amon-Rê vers 250 - 200 avant J.-C. - bois peint - Musée du Louvre |
Le tableau ci-dessous synthétise le parcours de Rê dans l'au-delà.
Heures |
Nom du lieu dans l'au-delà* |
Nom de la déesse de l'heure* |
Déroulement |
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Grande Cité | Celle qui décapite les ennemis de Rê |  Rê est représenté avec une tête de bélier. Il est appelé "La Chair". Il est à bord de sa barque solaire. L'équipage est composé de différentes divinités. A la proue se trouvent "Ptah-ouvreur" et "Esprit". A proximité se tiennent la "Dame de la barque", coiffée des cornes de vache enserrant un disque solaire, et "Horus l'Adorateur" à tête de faucon. A l'arrière de la barque quatre dieux sont aux avirons : "Taureau de Vérité", "Vigilant", "Volonté" et "Guide de la barque". De chaque côté de Rê, des carrés individuels renferment des divinités. On y trouve notamment deux groupes de neuf babouins qui ouvrent les portes devant Rê et chantent lors de la descente aux enfers, ainsi que douze déesses-serpents qui éclairent l'obscurité. |
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Champ d'Ouernes | Celle qui est sage, gardienne de son seigneur | |
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Champ des Dieux des céréales et Eau d'Osiris | Trancheuse des âmes | |
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Grotte de la vie des formes | Grande de puissance | Rê et son escorte traversent un couloir incliné avec deux portes ouvertes. Les gardiens ressemblent à des serpents et ont différentes formes. Certains sont réalistes, d'autres ont trois têtes et des ailes, d'autres encore ont une tête humaine et quatre jambes. Leurs noms indiquent à Rê qu'ils ne feront de mal ni à lui ni à son escorte, car ils mangent à leur faim. Leurs noms sont "Vivant du souffle de sa bouche" ou "Vivant de la voie des dieux gardiens du chemin". La tradition situe l'entrée de ce chemin des enfers à Ro-setjaou, la "Porte des passages". Il s'agit de l'accès au corps de Sokaris, dieu de la nécropole de Memphis, et au tombeau d'Osiris. |
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Grotte de Sokaris | Celle dans sa barque |
la cinquième heure est très importante dans la course de Rê. La barque est remorquée vers un mont appelé "Chair d'Isis qui est au-dessus du sable du pays de Sokaris". La corde, qui sert à haler la barque et qui passe au-dessus du mont, est tenue par un scarabée. A l'intérieur du mont, on aperçoit Aker, le dieu à double tête de lion portant un grain de sable sur le dos. Sokaris, avec une tête de faucon en surgit, debout sur le dos du serpent à trois têtes d'un côté et une tête humaine de l'autre. Sokaris s'anime au passage de Rê. Il est la représentation du dieu dans l'autre monde. Isis et Nephtys sous l'apparence du milan encadrent ce qui est la tombe d'Osiris. Le dieu du soleil triomphe une fois de plus de la mort et sort du mont appelé "Nuit" sous les traits de Khépri. Ce cycle représente la permanence de la vie et de la mort, l'une ne supprimant pas l'autre. |
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Eaux profondes | Meneuse compétente | Durant la sixième heure, la barque fait une halte devant Thot. Ce dernier souhaite faire surgir des champs une cité afin d'y accueillir les dieux et les rois de Basse et de Haute-Egypte. Le corps de Khépri est prisonnier des anneaux du serpent à cinq têtes. Rê assiste à la scène sous la forme d'un Osiris. |
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Grotte d'Osiris, Ville de la Grotte mystérieuse | Celle qui éloigne le serpent |
Cette septième heure est d'une grande violence. Rê assiste à d'effroyables combats. "Celui qui châtie" tient les rebelles à l'aide d'une corde tandis que "Chair d'Osiris", divinité aux oreilles de félin, brandit un couteau afin de les décapiter. C'est à cet instant qu'Apophis est capturé. Ce reptile, ennemi de Rê et symbole du déni de l'existence, cherche en permanence à le dévorer.  KV 34 - Thoutmosis III - XVIIIème dynastie - Détail mur de gauche 18211 - Photo : Francis Dzikowski - Theban Mapping Project - KV 34 |
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Ville des Sarcophages du dieu | Maîtresse de la nuit |
Rê est précédé de neuf symboles de puissance. Ceux-ci ont la forme de bâtons surmontés d'une tête humaine. A chaque bâton est attaché un paquet duquel sort un couteau. Ces symboles ont pour fonction de détruire les ennemis de Rê.
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Ville des Manifestations vivantes | Adoratrice | Rê rencontre douze cobras cracheurs de feu. Ce sont les gardiens d'Osiris. Ils vivent du sang de leurs victimes. L'embarcation continue son chemin puis passe devant les dieux de la taille des arbres et des plantes.
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Ville des Eaux profondes et des Rives escarpées | Celle qui décapite les rebelles |
Le symbolisme de la dixième heure montre la fin proche du parcours de la barque de Rê. Les prémices de la résurrection du dieu à l'aube prochaine apparaissent. A l'orient il sort d'un oeuf tenu par un scarabée. Une escorte de douze dieux assure sa sécurité. Rê s'adresse à eux comme un chef de guerre : "Soyez rapides avec vos flèches, précis avec vos lances, et bandez la corde de vos arcs. Punissez mes ennemis qui rampent dans l'ombre près de la porte".
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Ville du décompte des cadavres | L'étoile qui éloigne les rebelles | |
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Grotte à la fin des ténèbres, Ville de l'Apparence de la beauté de Rê | Celle qui voit la naissance |
Rê arrive à l'apogée de son voyage dans l'au-delà. La barque solaire entre dans la queue d'un gigantesque serpent. C'est à ce moment que Rê change d'apparence afin de renaître par la bouche du reptile sous la forme de Khépri. Il va s'immobiliser quelques temps au-dessus de la tête de Shou, dont les bras scellent les enfers. Ensuite il s'élève depuis l'est dans la barque du jour, pour "briller entre les cuisses de Nout".
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Je vous propose de prendre connaissance du travail de Raymond Monfort qui a réalisé une transposition de l'Abrégé de l'Am-douat sous forme de feuillet.
Je souhaite également le remercier pour son aide quant à la réalisation de cet article et ses éclaircissements pour son aide à la translittération d'une partie du texte original.
Raymond Monfort est également le créateur du site Séthy 1.
